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UN ETALON BIRMAN DANS UNE CHATTERIE…Une belle rente ou un gouffre de travail et d’argent ?

 

Dialogue avec mon vétérinaire : -«Dites Monsieur, que faut-il faire pour qu’un étalon n’arrose pas ?- Madame, un étalon qui n’arrose pas ne fait pas de petits ! » dixit monsieur le Docteur TRAN vétérinaire à Bayeux référent  de la chatterie de Chatterley.

La construction de locaux et leur entretien

Un étalon cela veut dire : Arrosages permanents tout au long de l’année, saillies non désirées s’il est en contact avec les femelles, bagarres et accidents de tous ordres s’il est en contact avec d’autres chats entiers. (je dispose de photos de jambes lacérées que je m’en voudrais de publier ici…)

D’où la nécessité d’aménager ou de faire construire des locaux à part… Il faut commencer par compter un minimum de 2000 euros d’investissement initial pour l’implantation d’une vraie chatterie extérieure (et encore en bricolant beaucoup soi-même). Et si l’étalon est dans une pièce à part et qu’on est en location : il faudra compter un loyer plus lourd qui à la longue reviendra aux 2000 euros comptés plus haut, (sans compter la caution initiale que l’on ne vous remboursera pas vu que les lieux « sentent » (cela m’est arrivé !)

Pour ces locaux dédiés à notre étalon, il va falloir compter de l’’électricité en plus, de l’eau, et du chauffage à hauteur de 100 euros par mois sans exagérer.

Qui dit élevage dit ménage chaque jour avec tous les produits d’entretien inimaginables : eau de javel, sanytol, saniterpern, aérosols, bactéricides, insecticides, fongicides etc… pour nettoyer, désinfecter et désodoriser murs et sols sans compter la lessive et l’entretien d’une machine à laver le linge qui fonctionne chaque nuit (pour économie : sic !). Tous ces produits et ustensiles qui les accompagnent sont chers et il faut en changer souvent : comptons là encore 70 euros par mois (je dispose de toutes les factures) moyennant quoi vous aurez la grande fierté de pouvoir présenter votre étalon dans sa « tannière » sans obliger les gens à leur distribuer à masque à odeurs avant de pénétrer dans votre chatterie et vous éviterez que vos visiteurs ne repartent vite en arrière en vous faisant la « meilleure » des réclames !

Evidemment, il y a la solution moins onéreuse d’enfermer votre étalon dans une cage et de le cacher dans un coin de garage sordide que personne ne verra et que même les services vétérinaires trouveront acceptables si les marchands de saillies ont les papiers administratifs réglementaires par ailleurs.

Ne pas oublier le coût des arbres à chats (pour les griffes et l’équilibre de votre matou et des demoiselles visiteuses) souvent impossibles à entretenir (qui ‘sentent’ très vite) et qu’il faut changer régulièrement disons 50 euros par mois d’arbres à chat si on prend les moins chers et beaucoup plus si on prend les luxueux qui se déhoussent mais là on retombe dans les frais de lessive. Je maintiens une dépense de 50 euros par mois pour les griffes du minet en question et son équilibre.

La nourriture et la litière pour votre étalon :

Un étalon, cela mange et cela va dans sa litière (en plus des arrosages) :

Tout va dépendre de la manière dont vous nourrissez vos chats : croquettes (totalement bannies dans la chatterie de chatterley car elles provoquent des calculs urinaires ou une insuffisance rénale presque toujours) ou nourriture ménagère (un peu plus chère mais qui revient au même si vous comptez les frais de vétérinaire à cause de problèmes rénaux)

Pour nourrir un chat avec de la nourriture fraîche (et congelée) en incluant levure de bière et huile bio, il faut compter environ 40 euros par chat et par mois  (et encore cela dépend des promotions que vous trouvez)

De même pour la litière, il faut trouver la plus économique, la plus hygiénique, la plus désodorisante, enfin la plus pratique non seulement à acquérir mais aussi à éliminer. Nous utilisons la litière OKO plus et nous avons évalué à peu près à 10 euros par mois de litière par chat.

Last but not least … l’acquisition et la santé de votre étalon, en fait la santé de toute votre chatterie !

Il faut commencer par acheter votre étalon, ce qui revient à la recherche de la perle rare :

« la fourmi n’est pas prêteuse » disait LA FONTAINE, et bien dans ce sens, un éleveur sérieux qui a tant investi en temps, argent, énergie, n’a plus très envie de vendre non stérilisé un chaton prometteur, ou de faire des saillies avec son étalon, même moyennant finances, car ses lignées n'ont pas de prix. Les risques sont grands de blesser, ou de contaminer son étalon s’il accepte des saillies extérieures sans compter l’autre risque (moins grave mais tout de même) de voir sa progéniture le dépasser en expo (si le mariage est pensé et réussi il doit faire plus beau que lui)

Dans l’hypothèse d’une fourmi prêteuse, comptons un minimum de 1500 euros l’achat d’un étalon aux origines prestigieuses.

Reste la santé de votre merveille…

-test pkd (pour qu’il ne transmette pas à sa descendance des kystes sur les reins) avec echographie ( prix d’un vétérinaire echographiste qui seul  a le droit de vous faire un certificat = 120 euros)  et test antagene = 105 euros une seule fois en principe  (ces tests peuvent avoir été faits par le vendeur)

-test sanguin pour connaître l’adn et le groupe sanguin de votre étalon  (inclus dans les 105 euros du test d’antagene pkd et on considère que ces tests ont pu être faits par le vendeur)

-test felv, fiv coronavirus au moins une fois par an –voire plus souvent si le propriétaire de la promise le demande = 80 euros

- rappel annuel de vaccin typhus coryza leucose chlamydiose et rage (par prudence ou si on souhaite emmener l’étalon à l’étranger) = 80 euros

-détartrage presque inévitable = 80 euros tous les quatre ans X3 = 240 euros sur 12 ans pas comptés

-médicaments divers genre vermifuges, gouttes pour les yeux, vitamines, stimulants pour le poil, antibiotiques en cas de blessures ou de maladies, traitement pour les puces ou tiques et autres soient = 15 euros par mois

(note : évaluation sommaire car les prix varient selon l’endroit et les vétérinaires…)

-Les frais d’essence pour se rendre chez son vétérinaire (pas évalués mais existent)

Ce qui fait environ 40 euros par mois pour la santé du chat, autant donc que sa nourriture.

DIVERS

Pour terminer on se doit d’encore ajouter un nombre important de frais multiples :

-l’achat d’un ordinateur (que l’on utilise à titre personnel également donc à ne pas compter entièrement) plus l’abonnement à internet, l’abonnement au téléphone indispensable pour toute relation avec le public (que l’on utilise à titre personnel également donc à ne pas compter entièrement) avec logiciel de comptabilité et de traitement de l’image pour les photos = 70 euros par mois (évaluation basse)

-l’inscription à divers clubs si on adhère à deux clubs (LOOF plus son club de race) plus les de publicité et annonces pour proposer des saillies (si l’enjeu en vaut la chandelle) avec les frais de courrier, cartouches d’imprimantes =15 euros par mois (évaluation basse)  

-enfin les frais d’expositions (engagements, essence, hotels, péages) il faut compter 300 euros de frais par exposition (pas trop lointaine) X 3 si on en fait trois dans l’année = 85 euros par mois (évaluation basse)  

CONCLUSION

Après une évaluation grossière, que certains qualifieront d’inexacte sans doute, mais je pense être assez largement en dessous du compte, on peut dire que si on a le courage, l’énergie et la chance de garder un étalon entier pendant 12 années, un étalon birman vous revient à 520 euros par mois sans compter son prix d’achat, les frais d’acquisition et d’entretien des locaux pour l’abriter, ni tous les incidents, blessures et maladies qu’il peut avoir en 12 années.

N’ont pas été comptabilisés non plus tous les frais que cet étalon implique jusqu’à son décès (nourriture, soin et stérilisation) si vous n’avez pas le cœur de vous en débarrasser (pratique assez courante qui ne fait pas partie de la philosophie de la chatterie de Chatterley)

Qui osera dire, si l’éleveur accepte imprudemment, vu les risques sanitaires impliqués, une saillie extérieure, qu'il y a nul besoin de rétribuer les services d'un étalon, lorsque on ne veut pas faire d'argent ni d'élevage (juste une seule portée...)  sous prétexte que l’on peut imaginer qu’une saillie lui fasse plaisir ?

Enfin, qui après cette évaluation grossière, osera reprocher à un éleveur de réserver son étalon pour ses chattes ?

 

La folie de l'élevage  (par michèle LEFRANCOIS)

 

il faut être un peu fou pour s'engager dans l'élevage de sélection : consacrer une grande partie de son quotidien à l'entretien de ces petites bêtes qui ne connaissent ni dimanche ni jours fériés. Les nourrir, vider leurs caisses d'hygiène, nettoyer, désinfecter, les brosser et les coiffer, retirer les poils des vêtements, des sols et de partout; les surveiller et parfois se relever la nuit., sans oublier les câlins et les jeux.  Limiter les sorties et les départs en vacances pour ne pas les laisser trop longtemps seuls. Leur consacrer le budget de nos loisirs. Subir les foudres de la famille que les arrosages ou les miaulements dérangent, encourir parfois la lassitude et l'incompréhension de son entourage.

Voilà les astreintes d'un éleveur et j'en oublie. Si de telles conditions étaient imposées dans le cadre d'une activité professionnelle, nul doute que les candidatures ne seraient pas nombreuses et que les grèves y succèderaient aux mouvements syndicaux. Et pourtant, on voit l'éleveur s'y complaire et même déclarer que cette passion pour l'élevage est pour lui, une raion de vivre. Certains s'imaginent qu'il obtient un large retour financier qui le dédommage de son temps, son énergie, son travail acharné, de sa vie familiale et personnelle trop souvent sacrifiés. Eh bien non : nul éleveur n'a jamais fait fortune et les rares éleveurs chanceux qui se retrouvent avec une trésorerie positive réinvestissent immédiatement dans leur hobby.

Alors pourquoi cette course un peu folle vers le sujet que l'on espère toujours d'exception ?

Le hasard d'une rencontre avec une boule de poils étonnante, pas forcément dans le standard, mais un regard bleu qui fascine, un look qui enflamme l'imagination, une attitude qui excite la curiosité. Puis vient le jour du premier sujet qui fait entrer l'éleveur en herbe dans l'intimité de la gente féline et découvrir la vie sous des aspects qui échappent le plus souvent au commun des mortels. Il sera le témoin privilégié des premières portées qu'il aura programmées  puis bichonnées.  Acteur et spectateur, il aura participé au grand miracle de la Vie. Peu importe les efforts, les contraintes, le temps consacré, les désillusions car le plus petit succès le pousse à aller vers plus difficile.

Le long de sa route il va rencontrer dans les divers clubs des amis tout aussi mordus que lui, qui vont souvent devenir sa famille de coeur. Il va s'informer, se former, découvrir des champs de connaissances pour lui jusqu'à présent totalement étrangers. Il va prendre ainsi une part active à la préservation de la race et à son amélioration.

L'éleveur amateur sait s'impliquer et a  la passion du résultat.  Voilà qui vaut bien un grain de folie... douce, sans doute ! Voilà qui parvient parfois mais pas toujours  à faire oublier toutes les déconvenues de l'élevage car il y en a et elles sont de taille !